Le Front national ou l’imposture sociale

Le monde du travail, les citoyens souffrent des conséquences d’une crise systémique dont ils sont les principales victimes et dont ils ne perçoivent pas d’issue. La crise économique amplifiée par la crise financière internationale touche durement les salariés, les demandeurs d’emploi, les retraités, alors qu’ils n’en sont en rien responsables. La crise menace l’avenir des jeunes, des plus pauvres, met à mal le vivre ensemble et les solidarités ; elle accroît les inégalités, la précarité, l’insécurité sociale, le sentiment de pauvreté et d’exclusion. Gouvernement et patronat privilé­gient les plus riches et démontrent leur incapacité à sortir le pays de la crise et à répondre aux besoins du monde du travail, des citoyens.  Les grandes mobilisations unitaires de 2010 contre une réforme des retraites injuste et inefficace ont témoigné d’une volonté du plus grand nombre à plus d’égalité, de justice, à une répartition des richesses créées par le travail. La loi a été votée, faisant fi de l’opi­nion majoritaire dans le pays.

Le président de la République, en restant sourd aux attentes, en orga­nisant la mise en concurrence des salariés, l’opposition entre les géné­rations et entre français et immigrés, provoque une crise démocratique, éthique grave, rompt avec le pacte républicain.  Cette attitude a contribué à la mon­tée aux élections cantonales d’un vote FN à un niveau préoccupant.  Nous assistons à une banalisation du FN, considéré par de trop nom­breux salariés comme un parti comme les autres. Marine Le Pen, directrice de cam­pagne du programme du FN en 2007, en gauchisant son discours tente de nous faire oublier le credo ultralibéral, pro Medef de son parti, l’identité constitutive de son parti fondée sur la préférence nationale, la xénophobie et le racisme.

La « nouvelle » stratégie du Front national vise aujourd’hui le soutien des couches populaires les plus tou­chées par la crise et les couches moyennes qui s’estiment « déclas­sées ». Ce changement de costume du FN n’a pas changé la politique de ce parti, fondée sur le concept de pré­férence nationale, et, pour cette rai­son et bien d’autres, n’en fait pas un parti républicain comme les autres. Encore faut-il en convaincre tous ceux qui souffrent de la crise et des politiques gouvernementales et patronales et qui désespèrent pour l’instant de voir une amélioration de leur sort. Les luttes sociales pour les salaires, les conditions de travail, le service public, la politique industrielle, la pro­tection sociale, l’emploi sont autant de motifs d’espoir d’une transforma­tion de leur quotidien et d’une issue à la crise. Mais ce qui conforte la combativité chez les militants de la CGT, d’autres organisations syndicales et les sala­riés, provoque la rage, voire la haine, ce n’est pas nouveau, de l’extrême droite. D’où les tentatives d’entrisme de ce parti au sein des organisations de la CGT et la campagne soigneu­sement programmée à propos de l’exclusion d’un candidat FN secré­taire d’un syndicat. La CGT, ses militants ne laisseront pas instrumentaliser, ni même per­turber leurs organisations, car on ne transige pas avec les valeurs fonda­trices de la CGT et ses ambitions de transformation sociale.

Les organisations syndicales qui, en Europe, n’ont pas su porter les prin­cipes d’entraide et de solidarité qui sont au fondement de la constitution des syndicats, sont aujourd’hui confrontées aux pires difficultés avec des partis d’extrême droite, très influents, voire au sein des gouvernements. Face à ce risque majeur pour la démocratie et le progrès social, pour le monde du travail et les peuples, il est de la responsabilité de la CGT, de l’ensemble du syndicalisme d’éclairer les salariés par l’informa­tion et le débat, sur la réalité des thèses et des positions du FN, sur le plan économique et social comme en matière de libertés publiques. Face à l’offensive du FN, soyons convaincus que l’opinion et le com­portement de la CGT auront de l’in­fluence parmi les salariés. Mettons la conviction nécessaire dans les formes de débat permettant la participation la plus large des syn­diqués afin d’empêcher l’instrumen­talisation de la CGT et que les salariés soient dupés sur les motiva­tions véritables du FN. Autant que de besoin, la direction confédérale apportera le soutien nécessaire à ces initiatives.

 

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